Adieu Ralph-Laurent
TW. Deuil d’un animal de compagnie
Vendredi dernier, l’état de Ralph-Laurent s’est empiré rapidement. Nous avions un rendez-vous chez le vétérinaire en début d’après-midi. Lorsque je lui ai donné son calmant, il n’arrivait presque plus à bouger.
Après l’avoir examiné, la vétérinaire m’a confirmé qu’il souffrait. Qu’on pourrait le réhydrater, mais qu’il souffrirait encore. Qu’il ne guérirait pas, que la souffrance augmenterait. J’ai pensé qu’on prendrait un rendez-vous pour l’aide à mourir, mais elle m’a offert de le faire immédiatement. En un sens, j’étais reconnaissante. Voir Ralph-Laurent dans cet état me déchirait le coeur, son inconfort était immense. J’étais soulagée de ne pas le ramener comme ça à la maison et de compter les jours avant sa fin.
La vétérinaire et la technicienne m’ont donné quelques minutes avec le Ralph qui n’arrivait même pas à se redresser. Il était étendu sur son flan. Je l’ai tourné pour qu’il me fasse face, je lui ai donné son toutou canard et je me suis assise pour être à son niveau. Je lui donnais des bisous en le remerciant d’avoir attendu, en lui disant à quel point j’étais fière de lui et à quel point je l’aimais.
On a fait la première piqure, pour le geler, et j’ai été de nouveau seule avec lui. Je le regardais se relaxer complètement. On se regardait dans les yeux. Je disais “je t’aime” “merci” “je t’aime” “je suis fière de toi”. Puis elles sont venues faire la deuxième piqure. On lui a dit “au revoir”. Elles sont resté jusqu’à ce qu’il soit bien parti. Adieu petit Ralph.
Elles m’ont laissé avec son corps. J’ai retiré son collier et son toutou canard, que je tenais à ramener avec moi. J’ai pleuré avec lui, j’ai plongé mon visage dans sa fourrure encore chaude. Je lui ai donné autant de bisous que possible. J’ai averti Blaise. J’ai demandé un ciseau pour garder des petites mèches de fourrure et des moustaches. J’ai pris son corps dans mes bras une dernière fois, pour le replacer et l’envelopper dans sa couverture. Blaise m’a téléphoné et je lui ai permis de dire “au revoir” à l’oreille du Ralph.
J’ai recouverts son petit corps de la couverture, sauf le dessus de sa tête sur laquelle je continuais à déposer des bisous. À cause de mes larmes, j’ai fini par donner des bisous sur un front mouillé, ce qui m’a rappelé quand il passait tout son temps dans le bain et que des goutes lui tombaient sur le front. Je n’ai pas demandé sa cendre ou une urne. Je préférais les photos et les vidéos, ses petits jouets et les souvenirs. Nous avons aussi pris l’empreinte de ses pattes la semaine dernière. Elles sont déjà encadrées. Ça fait déjà deux mois que je crains son départ.
En rentrant, je fait un petit autel pour lui, j’allume une chandelle et je mets l’album de Mykalle. Je fait un gros ménage rituel de l’appartement. Je regarde des photos de lui et des vidéos que nous avons pris ensemble. J’essaye de trouver tout ce qui lui appartenait et je décide ce que je garde en souvenir, ce que je dois jeter ou recycler et ce que je peux donner, peut-être. Je lave les pipi-pads et ses couvertures. Je refais le lit. Je lave sa chaise. Je n’ai pas l’impression de l’effacer, mais de lui montrer tout de suite sa nouvelle place, pour qu’il n’erre pas trop longtemps dans son ancienne vie.
Sa nouvelle place est sur son autel, dans la couverture grise sur laquelle il dormait, mais que j’ai ajouté dans mon lit pour que nous puissions encore faire la sieste ensemble et sur ma poitrine, quand je me couche sur le dos et que j’ai encore l’impression qu’il pèse sur mon coeur en ronronnant. Il a toujours sa place dans mes bras, comme lorsque je revenais d’un voyage de plusieurs jours et qu’il me laissait le prendre en ronronnant. Il a sa place sur ce chemin de terre entre la mer et la forêt que je visualise souvent (j’ajoute un petit chalet pour son confort). Sa place est partout autour de moi. Je serai toujours sa maison, il sera toujours bienvenu chez-moi.
Je t’aime Ralph-Laurent, je suis fière de toi mon beau poulet, merci pour tout mon petit loup. Au revoir, beau monsieur-chaton de mon coeur.
